Témoignage d’une réformée chez les évangéliques
Fin février 2024, j’ai animé le séminaire Mathurin Cordier (pour le réseau des écoles évangéliques) à Osny dans le Val d’Oise (95) sur le thème : De la toute-puissance à l’école et dans l’école.
L’école du Petit Prince a accueilli pour 3 jours des responsables et des enseignants des écoles du réseau. L’école est intégrée dans un complexe comprenant l’Église baptiste Maranatha et un pôle social diversifié. (AFPM)
Ma première réaction est la surprise face à la mobilisation de ces professionnels durant leur temps de vacances d’hiver et devant le nombre important de membres de l’Église locale présents pour prendre en charge toutes les activités annexes et nécessaires comme les repas, la mise en place des chaises, des stands, la gestion de la logistique et des outils numériques, etc…
Ma deuxième réaction est encore la surprise lorsque je m’aperçois que cette foule est intergénérationnelle et multiculturelle : toutes les générations et les cultures se mélangent en douceur. L’atmosphère est à la convivialité, à la bienveillance, à la bien traitance ; enfin un lieu où ça existe !
Ma troisième réaction est à la joie quand je croise et discute avec des professionnels scolaires.
Ceux de l’école du Petit Prince sont heureux de partager leurs expériences et de montrer l’univers dans lequel ils évoluent avec les enfants / élèves ; univers plein de créativité dans lequel l’enfant est au centre. Je me retrouve dans leurs expérimentations qui peinent à se mettre en place dans l’école publique où j’interviens le plus souvent.
Les autres professionnels qui participent au séminaire sont animés par une vocation et pas par une fonction. Il y a du Désir dans leurs propos et leurs regards et pas de lassitude ou de démobilisation.
Ma quatrième réaction est à l’étonnement lorsque je participe au culte du dimanche matin. La salle s’est durant la soirée de la veille chargée de nombreuses chaises nouvelles, il y a environ 400 places assises. Chacune d’elles sera occupée !
Et quand le culte commence par l’habituel temps de louange, je suis stupéfaite par l’implication de chacune et chacun : les corps se mettent en mouvement et accompagnent le rythme et les paroles des chants qui se succèdent durant une trentaine de minutes. Debout, l’assemblée danse, frappe dans les mains, chante à pleine voix, lève les bras vers le ciel, sourit, rit.
Cette pratique, très éloignée de ma propre pratique de réformée ordinaire, m’interroge et j’observe les visages et les corps. Il y a de la joie qui se lit, qui se dit, de la joie qui se vit : comme si les paroles d’amour, de présence de Dieu lues sur le power point et chantées ensemble avaient un pouvoir performatif : comme si la tendresse de Dieu était réelle, présente, concrète et inondait chacune et chacun. Il y a du bonheur à être là !
Il y a aussi le bonheur d’être là ensemble les uns avec les autres et de partager la cène de manière collective. C’est la première fois, dans ma vie de chrétienne, que je partage le repas du Seigneur avec 400 personnes ; 400 personnes qui, le pain dans une main et le vin dans l’autre, attendent de prendre ce repas au même moment et en même temps : quelle leçon de vie communautaire !
C’est la deuxième fois que j’assiste à un culte évangélique et ce dimanche 23 février 2025 :
Et moi, je ne me sens pas seule durant ce culte malgré mes différences. Je me sens portée par cette ferveur qui apaise et dynamise, surprend et sécurise.
Et me reviennent, alors que je quitte ce lieu, la Parole du Psalmiste :
« … Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi ; ton bâton, ton appui, voilà qui me rassure… »