La famille, une question de place ?

Construire une vie de famille équilibrée peut être un défi permanent qui requiert attention et discernement. Un des axes pertinents pour analyser et améliorer la situation est d’observer les places de chacun.

Trouver l'équilibre

Dans un premier temps, nous pouvons évoquer la question de la place de chacun dans son arbre généalogique. Connaître ses origines et se positionner par rapport aux héritages reçus permet de prendre conscience de soi comme sujet libre, en lien avec sa famille élargie. On aborde souvent cette question dans le cas des adoptions mais, en réalité, la question de l’origine et du lien aux parents se pose pour chacun. Il faut souvent des années pour clarifier son lien émotionnel à ses parents. Un travail qui commence à l’adolescence et se refait à l’âge adulte, notamment à la cinquantaine. La perte des parents vient aussi changer le positionnement de chacun face à la vie et face au reste de la famille.

Dans le couple aussi intervient la question de la place de chacun des conjoints. Ont-ils pu, dans leurs premières années de vie commune, définir leur position réciproque, aussi bien dans la relation, que dans la répartition de la gestion du foyer ? Chacun a-t-il pu trouver un espace personnel dans la maison où ranger ses affaires à sa manière et où prendre tranquillement un temps personnel ? Ont-ils des comportements de rivalité laissant penser que la lutte de pouvoir est encore en cours entre eux ?

Les changements du XXe siècle dans les relations homme-femme ont créé une situation particulière : chaque couple est placé devant la nécessité de définir sa conception des rôles féminins et masculins. 

Faire de la place à son conjoint, c’est encore prendre du temps pour et avec lui. À une époque où les agendas sont toujours chargés, il est facile de se laisser accaparer par les vies professionnelles et les engagements de toutes sortes qui se font au détriment du temps passé à deux. “Réjouis-toi et rends heureuse la femme que tu as choisie !” Cette injonction du livre des Proverbes vient souligner qu’une vigilance est nécessaire pour entretenir la flamme amoureuse et que cultiver la joie dans le couple fait partie des projets que Dieu a pour nous.

Puis arrivent un à un les enfants déposés par ”la cigogne”. Le premier prend brutalement une place énorme dans le planning comme dans l’appartement. Il capte l’attention et mobilise l’énergie. Au point parfois de laisser peu de place à la vie amoureuse de ses parents.

L’aîné occupe une place symbolique importante dans la fratrie. Il ouvre le chemin de la paternité et de la maternité de ses géniteurs. Il prend la tête de la fratrie, avec souvent pour conséquence des comportements de chef de file. Les parents essaient souvent d’utiliser ses capacités de surveillance des plus petits, ce qui peut influencer son caractère vers le sérieux et l’autorité.

Quand le second enfant paraît, les parents se sentent souvent débordés. Comment lui faire de la place à lui aussi ? Dans l’appartement, la voiture, mais surtout l’emploi du temps. Petit à petit, ce cadet va chercher à faire sa place dans la famille. Pour exister, il oscille entre deux comportements, avant de trouver sa propre voie : copier l’aîné ou s’en démarquer.

Père et mère ont chacun à trouver une place spécifique dans l’éducation des enfants. Ces derniers ont besoin des deux : leurs différences identitaires les aidera à appréhender le monde avec la juste distance.  L’important étant aussi que s’établisse une convergence dans leurs valeurs éducatives.

“Écoute ton père car tu lui dois la vie. Ne méprise pas ta mère lorsqu’elle a vieilli. Apprends à être véridique, réfléchi, discipliné et intelligent” (Proverbes 23.15).

Certains couples seront confrontés à l’infertilité (ils sont de plus en plus nombreux). Entendre leur inquiétude et leur frustration est certes nécessaire. Parfois, à leur détresse s’ajoutent des tensions ou de la culpabilité. Plus tard, les aider à accepter que le couple est déjà un foyer et que d’autres fécondités sont possibles sera un challenge pour ceux qui cheminent avec eux. 

Dans les familles recomposées, donner sa place à chacun des enfants en tenant compte de sa personnalité, de son âge et de ses besoins sera aussi une clé de réussite. Prendre sa place en tant que nouveau conjoint du parent est souvent difficile et demande du temps et de la délicatesse. 

Les grands-parents ont aujourd’hui une place importante au sein des familles. Ils offrent à leurs petits-enfants une disponibilité que leurs parents n’ont pas toujours. Ils représentent les fondements et une stabilité, notamment quand les enfants ont dû déménager souvent ou subir un divorce. Ils sont parfois néanmoins tiraillés entre la présence à apporter à leurs petits-enfants et les besoins d’aide de la génération au-dessus d’eux. Ce quatrième âge, résultat de l’accroissement de la durée de vie, offre à la plupart des familles la présence vivante de quatre générations. Beau tableau de famille… mais défi à relever pour assurer le confort nécessaire à la vie des aïeux. 

La famille, en tant que première cellule de la vie sociale, est un excellent lieu pour apprendre à vivre en relation dans l’harmonie avec soi et dans le respect de l’autre. 

Telle est la vocation des familles : former les adultes de demain pour qu’ils sachent prendre leur place dans le monde et participer à la préparation de la venue du Royaume !

 

Nicole DEHEUVELS, pasteur – Conseillère conjugale à la Fondation La Cause

La Fédération Nationale des Associations Familiales Protestantes a pour mission de représenter, de défendre, les familles issues de la réforme ainsi que toutes celles qui se retrouvent dans ses valeurs. Localement, ce sont un peu plus de 160 175 AFP qui développent des actions de solidarité familiale, qui gèrent des établissements scolaires, des centres de loisirs, animent des ateliers à la parentalité, prennent soin de leur prochain.

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