Pour toutes celles et ceux qui sont familiers avec le texte biblique, vous aurez sans doute observé combien la table et les repas y occupent une place significative, souvent perçue comme un lieu de communion, d’expérience, de célébration et de partage fraternels et spirituel. Dans les Écritures, les repas sont des moments privilégiés qui rassemblent les personnes, incarnant la fraternité, l’hospitalité, et l’amour divin. Cette symbolique peut inspirer nos propres repas, et ceux en famille notamment, créant des espaces propices au dialogue, à l’écoute, et à l’expression des émotions.
➜ Dès l’Ancien Testament, les repas sont des moments clefs dans les récits bibliques. Le peuple d’Israël célèbre la Pâque en famille, autour d’un repas préparé selon des rites stricts (Exode 12).
Ce repas pascal, rappelant la libération de l’esclavage en Égypte, est une occasion de transmission et de communion entre générations. Ce moment partagé autour de la table n’est pas seulement nourricier ; il est également porteur de mémoire collective et d’espérance. Ce repas, qui se célèbre encore aujourd’hui dans les traditions juives, est un temps où la foi, les histoires et l’identité du peuple se transmettent et se renforcent. Des textes anciens qui regorgent de récits où la table et les aliments forgent le décor de miracles, de témoignages d’expériences, de vies, de pardons. Lieux de positionnements théologiques ou simple point de rencontres, de retrouvailles, de festivités, d’échanges et d’amour ou d’amitié.
On mange beaucoup tout au long de la Bible et les repas sont souvent le théâtre d’actions décisives, le lieu où il se passe quelque chose d’essentiel ! Le repas est naturellement un lieu du quotidien, où la vie passe, tourne, surgit avec toutes ses contradictions.
C’est possiblement un espace de rencontre, de proximité, d’accueil, d’hospitalité (comme Abraham qui reçoit les visiteurs à Mamré, ou Abigaïl voulant effacer la colère de David à qui son mari refuse l’hospitalité) mais il peut aussi devenir un lieu de concurrence voire de rivalité (qui réussira de Jacob ou d’Ésaü à faire manger un plat de gibier comme il l’aime à leur père ?).
C’est un lieu d’intrigue, où les rôles secrets sont dévoilés, les jeux de pouvoir et les manigances dénoncés (comme dans le festin où Haman révèle son vrai visage devant le roi et Esther). Parfois, ces tables où les mets enrichissent l’existence ouvrent des occasions de faire intervenir des marginalisés de la culture du moment et, par extension, du texte.
➜ Dans le Nouveau Testament, les repas prennent une dimension encore plus personnelle avec la présence de Jésus. Les Évangiles regorgent de moments où Jésus partage des repas avec des disciples, des amis ou des inconnus. De la multiplication des pains (Matthieu 14) à la Cène (Luc 22), ces moments sont des temps de fraternité, où le Christ manifeste son amour et son accueil inconditionnels.
La dernière Cène, en particulier, est un moment de communion intense, un dernier repas où Jésus se livre en partageant le pain et le vin, signes de son sacrifice et de sa présence éternelle parmi les siens. Ce repas devient alors un modèle de fraternité et d’amour que les chrétiens perpétuent aujourd’hui encore.
Certains repas deviendront des espaces de dévoilement de l’injustice (comme en 1 Corinthiens 11, 20-22 où le repas révèle l’absence de souci des riches pour ceux qui ont faim, où en Actes 6,1 où c’est le problème du repas des veuves qui fait émerger le conflit entre hébreux et hellénistes) ; il peut être aussi lieu de remise à égalité (Jésus mange chez des exclus comme dans la maison de Simon le lépreux, ou se fait inviter inversement chez les collecteurs d’impôts comme Zachée). II marque des séparations comme des retrouvailles (celles du fils “prodigue” avec son père, celles des disciples d’Emmaüs avec Jésus ressuscité), même si ces retrouvailles ne sont parfois qu’éphémères.
Inspirés par cette symbolique biblique, nos repas en famille peuvent eux aussi devenir des espaces privilégiés pour vivre le partage, la communion, mais aussi toutes sortes d’autres expériences aussi diverses que possibles. La table, comme dans les Écritures, est un lieu d’accueil où chacun est invité à se sentir en sécurité, accepté et écouté. Le repas familial offre un espace de dialogue où chacun peut prendre le temps de raconter sa journée, partager ses joies, ses doutes ou ses peines. À travers cette parole échangée, la famille renforce ses liens, nourrit la compréhension mutuelle et développe une atmosphère d’écoute bienveillante. La Bible, et les questions de foi, de spiritualité, peuvent aussi alors y trouver un refuge salutaire, un terreau favorable pour semer des graines de vie.
Les repas en famille sont aussi des moments pour apprendre l’art de la gratitude, en prenant conscience de la nourriture et des mains qui l’ont préparée. Dans un monde où tout va vite, prendre le temps de bénir ou de remercier avant le repas permet d’apprécier ce qui est offert. Ce rituel peut être un moyen de se rappeler la générosité divine et de se recentrer sur l’essentiel, cultivant un sentiment de reconnaissance et d’humilité.
Les repas en famille offrent un cadre idéal pour l’expression des émotions. L’expérience gustative est en soi une porte ouverte à l’écoute de nos émotions. Chaque page du livre « À table avec la bible » nous conduisent dans cette direction. Mais, autour de la table, il est aussi plus facile de se livrer, de parler librement dans un environnement familier et protecteur. Ce temps d’échange favorise la vulnérabilité, où chacun peut être authentique, sans crainte de jugement. Que ce soit pour célébrer des événements heureux ou pour se soutenir dans des moments difficiles, le repas devient un lieu où l’on peut accueillir les émotions de l’autre.
De plus, à l’image de Jésus qui accueillait autour de la table des personnes de toutes conditions, la table familiale peut devenir un espace d’ouverture et d’accueil de la différence. En prenant le temps d’écouter et de comprendre l’autre, chaque membre de la famille apprend à respecter les particularités, les convictions, et les aspirations de chacun. Cela favorise une culture de l’acceptation et de l’amour inconditionnel.
Les repas bibliques nous rappellent l’importance de la table comme espace de communion et de célébration de l’unité. Ils nous invitent à redonner à nos repas, à ceux que nous partageons en famille, avec des amis, en Église, mais aussi dans toutes les occasions qui nous sont données… une dimension de partage et de fraternité, à en faire des moments de qualité où chacun se sent écouté, respecté et aimé. La table devient alors plus qu’un simple lieu de nourriture : elle devient un lieu où l’on se nourrit mutuellement de présence, d’attention, et possiblement aussi de foi, d’espérance et d’amour
En nous inspirant de l’hospitalité et de la générosité divines, nous pouvons transformer chaque repas en une occasion de célébrer la vie, d’exprimer notre reconnaissance, et de resserrer les liens familiaux.
C’est ainsi que la table devient un espace de vie, où se partagent non seulement la nourriture, mais aussi les valeurs et les émotions qui nous unissent.
À table avec la Bible n’est pas seulement un livre de cuisine, c’est un voyage à la découverte du texte biblique à travers les émotions qu’il suscite, comme un bon plat fait naître en nous la joie et le réconfort. C’est donc une expérience par les sens que l’auteur, Jean-Luc GADREAU, nous propose de vivre : en associant un livre biblique à une recette et une émotion, il nous invite à cuisiner mais aussi à expérimenter le texte biblique autrement. Jean-Luc GADREAU joue avec les saveurs et les mélanges pour nous offrir 40 recettes évoquantes tour à tour la nostalgie, la gratitude, l’euphorie, le ravissement et bien d’autres émotions que nous ressentons tous si bien. En accord avec ses menus en passant du vin, au dessert, c’est entouré d’experts que l’auteur dévoile sa passion pour la cuisine et les bons petits plats. Avec la participation de :