COUP DE COEUR À CANNES : Le handicap s’invite aussi sur la croisette

Dans la continuité de notre colloque 2024 à Limoges sur le thème ”Familles & Handicaps” je vous invite à découvrir cet article sur un documentaire qui, nous l’espérons, aura une sortie en salles prochainement !

”regard croisés” est un récit sur la résilience et l’adaptation ! Entre handicap et société.

Un Festival de Cannes, c’est généralement mais aussi beaucoup de rencontres. Il y a celles qui s’organisent et toutes les autres… une discussion dans une file pour entrer en salles, dans une terrasse en attendant sa pizza avec les voisins de la table d’à côté, sur la terrasse des journalistes, parfois tout simplement dans la rue. Il y a aussi celles qui viennent par personnes interposées, le bouche à oreille qui fonctionne, et hop… le téléphone sonne. Voilà comment j’ai eu contact cette année avec le réalisateur John Dauvin qui présentait, hier samedi, avec son ami Gabriel Campina leur documentaire Regards croisés au Festival Entre deux Cannes.

À ce titre Regards Croisés, s’ajoute la mention « entre handicap et société », car dans ce film John et Gabriel, s’embarquent dans un road-movie documentaire pour explorer le quotidien de personnes vivant avec des handicaps. On y rencontre notamment le quadri-amputé Philippe CROIZON dans un très touchant échange avec John, lui-même né avec un bras atrophié. Avec ce film, à 42 ans, John se confronte à son propre handicap, revisitant son parcours d’adaptation. À ses côtés Gabriel, et au-travers de son regard c’est le dévoilement de l’expérience du grand public, bienveillant mais parfois maladroit face à une société encore, hélas, peu adaptée. Comme il le souligne très justement : “John porte le regard vraiment de la personne qui vit le handicap, disons de l’intérieur, parce que ça fait partie de la vie. Et moi, celui de quelqu’un qui regarde le handicap de l’extérieur. Comme coréalisateurs, nous représentons en quelque sorte la société au sens large. Valide, invalide, on est tous ensemble”.

Des rues de Belgique au majestueux Pont du Gard, en passant par les bassins olympiques ou le huis clos de leur voiture, les deux cinéastes captent des moments percutants. Ils rencontrent des personnes en situation de handicap et leurs aidants, dévoilant des témoignages authentiques, poignants ou enthousiasmants. C’est une immersion sincère dans le quotidien de ceux qui défient les obstacles, tout en révélant les nuances de la perception du handicap. Ce voyage dévoile la beauté des résiliences humaines, celles des corps atypiques ainsi que les défis d’une société où valides et invalides vivent dans le même monde, mais pas dans la même réalité.

Un film tout en délicatesse, qui ne cherche pas à faire la leçon mais qui construit un très beau récit plein d’émotion et met en lumière la différence avec grande élégance. Et si j’utilise cette formule, c’est qu’en plus la cinématographie est belle. On sent que pour John et Gabriel, c’est aussi quelque chose qui compte et leurs présences à Cannes fait donc particulièrement sens. Notez aussi que la musique a toute sa place dans ce documentaire, avec notamment la participation d’IsaAc BONNAZ dans l’affaire, gage de qualité, et un final où le chant se mêle à tout ça de la plus jolie des façons. Bravo ! On souhaite le meilleur à Regards Croisés dans cette autre compétition Cannoise, mais aussi plus largement dans sa distribution future. Quant aux réalisateurs, on garde naturellement le contact car de jolis projets semblent déjà en cours…

Jean-Luc GADREAU nous a donné l'autorisation de publier cet article paru dans le magazine REFORME

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