Un projet porté par Isabelle Schwebel, administratrice, de l'AFP Germes d’espoir à Strasbourg
Qui veille au grain pour demain ?
Une série de Webinaire des « Joseph d’Aujourd’hui et de demain » sur le thème de l’alimentation et de l’agriculture propose de prendre connaissance d’initiatives et d’expériences menées par des chrétiens désireux d’accompagner une transition écologique durable. Il y est question d’épiceries sociales, d’entreprises, de jardins partagés, de permaculture, d’agroécologie, d’éco lieux et bien plus encore.
C’est à cette occasion que le jardin de l’AFP Germes d’espoir a été présenté.
Notre projet associatif se décline suivant différents axes :
- le développement de liens sociaux,
- le développement des compétences et des connaissances,
- le développement de l’entraide et de la solidarité,
- le développement économique (ESS) et écologique.
Parmi nos actions nous avons cocréé depuis 2016 un jardin partagé pédagogique et solidaire. Le Jardin Saint Gall se trouve à Strasbourg Koenigshoffen, il s’agit d’un espace collectif de 60 ares, aménagé et mis à disposition par la Ville de Strasbourg à plusieurs associations dans le cadre de la démarche participative de création d’un Parc Naturel Urbain.
Le jardin partagé pédagogique et solidaire de Germes d’espoir a pour vocation l’accueil des familles, des enfants, des jardiniers du quartier ou de l’Eurométropole de Strasbourg dans l’objectif de proposer des activités collectives et pédagogiques relatives à la nature et au jardinage au naturel. Le jardin partagé et pédagogique tend à accompagner l’appropriation des espaces naturels en favorisant la découverte, les échanges, l’apprentissage et l’expérimentation, la prise d’initiative, l‘autonomie dans le respect d’autrui et de l’environnement. L’enseignement par la pratique et les échanges promeut et rend accessible le maraichage urbain.
Notre zone potagère s’étend sur 2000 m2 environ et nous permet d’apprendre à produire autrement et collectivement, de transmettre et d’accompagner les familles à des pratiques nouvelles. Nous utilisons des semences paysannes et apprenons à les produire nous-même pour certains légumes. Nous produisons une vingtaine de paniers de légumes totalement naturels par semaine. Le jardin permet aussi la création de lien social intergénérationnel et interculturel, d’actions solidaires. C’est également la reconnexion avec la nature dans une zone urbaine dense, et le berceau même de l’écologie, de la rencontre avec le divin et avec soi-même.
Eric Lemaitre qui vient de nous quitter pour le jardin céleste expliquait concernant le jardin partagé de Ilot Saint Gilles « La dimension de partages, valeurs essentielles de l’écologie humaine est l’idée que nous entendons défendre, promouvoir, partager avec les élus et les habitants, pour un défi, celui de l’homme au cœur de sa cité… ». Les graines semées germeront.
Ce dimanche justement au jardin de Germes d’espoir les habitants, des responsables de la ville et des élus se sont retrouvés « juste » pour profiter de l’endroit, s’y assoir, s’interroger, réfléchir…
Mais ne l’oublions pas, le jardin est aussi nourricier et cette question nous motive de plus en plus avec force afin de répondre à notre niveau même modeste à l’urgence liée :
- au réchauffement climatique
- à l’effondrement de la biodiversité
- à la perte de la vie des sols
- à l’épuisement des ressources énergétiques
- à l’instabilité économique et sociale
- à l’agitation de la ville et des hommes
- à la résilience alimentaire de notre territoire
En effet, aujourd’hui la question de la résilience alimentaire de notre pays est posée. Il s’agit de notre capacité à être autonome en matière d’alimentation dans des situations de crises. La sécurité alimentaire d’un territoire est assurée lorsque « tous ses habitants ont à tout moment la possibilité physique, sociale et économique de se procurer une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins et préférences alimentaires pour mener une vie saine et active » Comité de la Sécurité Alimentaire Mondiale.
Or, seulement 1 français sur 100 produit de la nourriture pour les 99 autres, les territoires sont autonomes à seulement 2% (98 % des productions sont soient importées, soit exportées) et la moitié de la farine résulte de 30 moulins en France contre 40 000 autrefois. Alors que 6000 espèces végétales ont été cultivées par l’humanité seulement 9 assurent actuellement les deux tiers de la production mondiale.
Sommes-nous interpellés par cette situation ?
- Chacun à notre niveau nous avons la possibilité d’agir concrètement. Dans la bible, Joseph en Egypte intervient de façon avisée pour prévenir une situation de grave famine.
Comment agir ? De multiples façon et parfois avec des opportunités :
- Le plan de relance nationale va donner des moyens pour les associations afin de créer des jardins partagés au travers d’un appel à projet de l’Etat relatif aux jardins partagés, collectifs et à l’agriculture urbaine, lancé dans le cadre du plan de relance. Il concerne tout le territoire pour les zones urbaines et péri urbaines , prend en charge 80% des investissements.
Vous n’avez pas de terrain ?
- Avant de disposer d’un grand jardin nous avons débuté nos activités en créant une zone de jardinage à l’aide de bacs surélevés dans le parc d’un EHPAD, ce type d’installation peut aussi se mettre en place dans des écoles, des crèches, des prisons, des centres de soins …
Pour en savoir plus sur notre expérience, vous pouvez vous connecter sur le lien du Webinaire :
https://www.youtube.com/watch?v=qOwbEHrlK8w&t=3818s
- « Ce qui sépare l’humanité du chaos, c’est 9 repas » Alfred Henry Lewis
- « Donnez-leur vous-mêmes à manger » Luc 9 (la Bible)
Isabelle Schwebel,
administratrice de l’AFP Germe d’espoir