La France a connu en 2020 une 6e année de baisse de sa fécondité : selon l’INSEE, l'indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) est de 1,84 enfant par femme (1,86 en 2019).Pourtant, le désir d'enfant reste toujours aussi fort. Selon une étude commandée par l’UNAF, le nombre moyen d'enfants souhaités est de 2,39 : si les familles françaises ont moins d'enfants, ce n'est pas parce qu'elles en veulent moins, mais parce que les conditions pour en avoir leur sont de plus en plus défavorables.
porter un regard chrétien sur ce paradoxe bien français : malgré un fort désir d’enfant, l’inexorable poursuite de la chute de notre fécondité.
Quels sont les faits ?
Le bilan démographique 2020 est catastrophique pour notre pays : décès en hausse (victimes du Covid 19) et 6e année consécutive de baisse des naissances.
En France métropolitaine, il naît désormais 100 000 enfants de moins qu’il y a 10 ans. Le total des naissances (700 000) n’a jamais été aussi bas depuis 1945.
L’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) (1,84 enfant par femme) est tout de même meilleur que celui de l’Italie, l’un des plus bas au monde : 1,27.
Pourtant, le désir d’enfant reste toujours aussi élevé dans les familles françaises :
– 91% des interrogés souhaitent ou auraient souhaité des enfants, dont 83% plus d’un enfant.
– 4% n’en souhaitent pas ou n’en souhaitaient pas.
– 67% des personnes ayant eu un enfant en voudraient ou en auraient voulu au moins un de plus.
Quelles sont les conséquences pour notre pays ?
Il y a d’abord un impact profond sur l’avenir de notre système de protection sociale : le financement de la santé, de la dépendance et des retraites nécessite une démographie au moins équilibrée, c’est-à-dire assurant le renouvellement des générations.
Il y a aussi une menace à moyen terme sur le dynamisme de la société française, qu’il soit économique, intellectuel, éducatif, etc.
Enfin, cette baisse de la fécondité, si elle se poursuit, va conforter l’individualisme voire l’égoïsme des générations actuelles, atteintes par un manque de confiance et d’optimisme dans l’avenir ; baisse que la prolongation de la crise sanitaire du Covid 19 risque de renforcer encore en 2021.
Quelles sont les causes de cette situation ?
La baisse de la natalité s’explique par l’évolution de la société : éclatement des couples, familles monoparentales, baisse des mariages, etc.
Elle est aussi due à l’accumulation des coupes sévères infligées depuis 10 ans à la politique familiale par les gouvernements successifs : la fiscalité (ex : quotient familial, aides diverses) est devenue globalement moins favorable aux parents, ce qui ne les encourage plus à répondre à leur légitime désir d’enfant.
Il y a des motivations idéologiques à cette évolution des pouvoirs publics (mariage pour tous, PMA, voire GPA). Toute politique qualifiée de « nataliste » se voit systématiquement discréditée. Cette tendance, qui existe dans la plupart des partis politiques, est surtout portée par les tenants d’un certain féminisme hostile à la famille dite « traditionnelle », et par les écologistes qui veulent limiter la démographie pour réduire l’impact de l’Homme sur l’environnement, le dérèglement climatique, la température de la planète et les espèces animales.
Faut-il voir dans cette crainte de l’avenir chez beaucoup de nos hommes et femmes politiques une conséquence de leur faible engagement spirituel et religieux ? On ne peut s’empêcher de le penser !…
Quel regard chrétien porter sur cette question existentielle pour notre pays ?
Il apparaît impératif que la France retrouve une vraie politique familiale : il faut redonner confiance aux parents, leur apporter un soutien concret et stable dans la durée, notamment sur le plan fiscal et social, et permettre de mieux concilier vie familiale et vie professionnelle, en priorité bien sûr pour les femmes.
En effet, avoir des enfants et donner des années de sa vie pour les élever dans l’amour donne un sens immense à notre existence : les enfants sont une bénédiction !
Pour des parents chrétiens, c’est toujours un honneur d’aimer et d’accueillir cet enfant que Dieu nous confie. L’enfant est au centre du commandement divin : « Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre et l’assujettissez » (Genèse 1.28). De tous les êtres que Dieu a créés, aucun n’a plus de valeur ou d’importance qu’un petit être humain.
Régine BERGER,
Membre du Conseil d’administration de la FNAFP